Des élèves en classe dans un établissement de la ville Ouagadougou. Photo d’illustration.
Pour le Réseau national de Lutte anti-corruption (REN-LAC), la vente des places doit être bannie des écoles, lycées et collèges. L’accès à l’éducation est un droit fondamental et ne saurait, en aucune manière, constituer un fonds de commerce pour des esprits malins. Il est de la responsabilité des acteurs du secteur et des autorités étatiques de travailler à éradiquer cette pratique qui n’honore pas les acteurs de l’éducation.
À chaque rentrée scolaire, le Réseau national de Lutte anti-corruption (REN-LAC) fait le même constat accablant : le monnayage des places dans les établissements d’enseignement publics. En dépit des dénonciations de la presse et des acteurs de la lutte anti-corruption, cette pratique prend de l’ampleur. Au point que cette année encore, des réseaux n’ont pas manqué de se constituer dans certains établissements scolaires de la place tels que les lycées Vénégré, Bambata, Marien N’Gouabi, Song-Taaba, Philipe Zinda Kaboré surnommé le « big » Zinda, etc.
Dans certains groupes privés de messageries sociales comme WhatsApp, c’est à coup de renfort de publicité que se développait le business. « Vous qui avez brillé dans les lycées privés et qui comptez avoir une place dans les lycées publics…Contactez le… », pouvait-on lire dans ces forums. Pour garantir une place dans les classes de 6e, 5e, 4e, 2nd et 1ère, les parents d’élèves intéressés étaient invités à débourser la coquette somme de 100 000 F CFA.
L’année passée, le Comité régional anti-corruption (CRAC) du Centre-ouest a ainsi mis la main sur un enseignant de la ville de Koudougou qui s’adonnait à cette pratique dans une totale impunité. Ce dernier avait, lui aussi, poussé l’outrecuidance jusqu’à faire des affichages pour attirer la clientèle. L’affaire est actuellement en justice.
Ces deux exemples sont loin d’être des cas isolés. La vente des places constitue actuellement pour de nombreux acteurs de l’éducation (proviseurs, censeurs, surveillants, intendants, enseignants, responsables des associations des parents d’élèves, etc.) un véritable business. D’après de nombreux témoignages, une place au post-primaire et au secondaire se vend actuellement, dans les grandes agglomérations comme Ouagadougou et Bobo-Dioulasso, à entre 50 000 et 150 000 F CFA. « Dans le milieu scolaire, confie Souleymane Badiel, Secrétaire général de la Fédération des Syndicats nationaux des Travailleurs de l’Education et de la Recherche (F-SYNTER), la pratique est affublée d’appellations diverses : ‘fonds communs’, ‘charbon fin’. »
Approché pour comprendre s’il était informé des messages circulant dans certains groupes de messageries privées et faisant état de places en vente disponibles dans son établissement, le Proviseur du lycée Philippe Zinda Kaboré, le plus grand établissement scolaire de la ville de Ouagadougou, se défend : « C’est par ma fille que j’ai été informé de ce que de tels messages circulaient sur les réseaux sociaux. Et lorsqu’elle me les a envoyés, je les ai tout de suite transférés aux autres chefs d’établissement concernés pour qu’ils en prennent connaissance. De mon côté, j’ai estimé qu’il était bon que nous cherchions à comprendre davantage cette affaire. Mais après concertation, en lieu et place de réagir, il a été jugé prudent de patienter pour voir quelle va être la suite de cette affaire. »
Approché pour comprendre s’il était informé des messages circulant dans certains groupes de messageries privées et faisant état de places en vente disponibles dans son établissement, le Proviseur du lycée Philippe Zinda Kaboré, le plus grand établissement scolaire de la ville de Ouagadougou, se défend : « C’est par ma fille que j’ai été informé de ce que de tels messages circulaient sur les réseaux sociaux. Et lorsqu’elle me les a envoyés, je les ai tout de suite transférés aux autres chefs d’établissement concernés pour qu’ils en prennent connaissance. De mon côté, j’ai estimé qu’il était bon que nous cherchions à comprendre davantage cette affaire. Mais après concertation, en lieu et place de réagir, il a été jugé prudent de patienter pour voir quelle va être la suite de cette affaire. »
Une salle de classe. Photo d’illustration
Pratique illégale
Tous les acteurs rencontrés sont unanimes sur un fait : l’illégalité de la pratique. Bien qu’elle se conçoive aujourd’hui comme une action normale. De nombreux acteurs, qui s’y adonnent, pensent réellement, et parfois de bonne foi, en avoir le droit. De sorte qu’il n’est pas toujours facile de leur faire entendre raison. Pour s’en convaincre, il suffit de se référer aux propos de certains lors des séances de sensibilisation du REN-LAC sur le terrain : « Si j’ai droit à deux places, pourquoi ne pourrais-je pas les vendre sans que l’on me traite de corrompu ? »
« En clair, pour les vendeurs, la pratique s’apparente à un avantage lié à leur métier comme on en trouve ailleurs dans d’autres corps, ou encore à la possibilité qui s’offre à eux de grappiller pour joindre les deux bouts tel que cela se passe dans divers milieux de la vie de notre pays depuis quelques décennies », analyse Souleymane Badiel.
Tout comme le Secrétaire général de la F-SYNTER, Anatole Zongo s’insurge contre cette gangrène et pointe du doigt une mauvaise interprétation de l’esprit des deux places accordées à chaque enseignant. « C’est une revendication des syndicats, notamment la F-SYNTER et le SNESS. Elle n’avait autre but que de faciliter l’inscription, dans les établissements dans lesquels nous intervenons en tant que personnel de l’éducation, de nos enfants ou des enfants de proches qui peuvent être à notre charge. Mais ce n’était pas pour en faire un fond de commerce comme on l’entend aujourd’hui, parce que si vous n’avez pas d’enfants à scolariser, vous pouvez venir en aide, au moins, à des parents démunis. A défaut, vous n’êtes pas obligés d’en jouir », explique le premier responsable du Syndicat national des Enseignants du Secondaire et du Supérieur (SNESS).
De fait, le principe des deux places ne doit pas être perçu par les acteurs de l’éducation comme un droit absolu, mais plutôt comme un avantage qui leur est offert en cas de nécessité. Le REN-LAC voudrait insister sur une meilleure compréhension de ce principe et interpelle la responsabilité individuelle et collective des acteurs concernés.
Pratique illégale
Tous les acteurs rencontrés sont unanimes sur un fait : l’illégalité de la pratique. Bien qu’elle se conçoive aujourd’hui comme une action normale. De nombreux acteurs, qui s’y adonnent, pensent réellement, et parfois de bonne foi, en avoir le droit. De sorte qu’il n’est pas toujours facile de leur faire entendre raison. Pour s’en convaincre, il suffit de se référer aux propos de certains lors des séances de sensibilisation du REN-LAC sur le terrain : « Si j’ai droit à deux places, pourquoi ne pourrais-je pas les vendre sans que l’on me traite de corrompu ? »
« En clair, pour les vendeurs, la pratique s’apparente à un avantage lié à leur métier comme on en trouve ailleurs dans d’autres corps, ou encore à la possibilité qui s’offre à eux de grappiller pour joindre les deux bouts tel que cela se passe dans divers milieux de la vie de notre pays depuis quelques décennies », analyse Souleymane Badiel.
Tout comme le Secrétaire général de la F-SYNTER, Anatole Zongo s’insurge contre cette gangrène et pointe du doigt une mauvaise interprétation de l’esprit des deux places accordées à chaque enseignant. « C’est une revendication des syndicats, notamment la F-SYNTER et le SNESS. Elle n’avait autre but que de faciliter l’inscription, dans les établissements dans lesquels nous intervenons en tant que personnel de l’éducation, de nos enfants ou des enfants de proches qui peuvent être à notre charge. Mais ce n’était pas pour en faire un fond de commerce comme on l’entend aujourd’hui, parce que si vous n’avez pas d’enfants à scolariser, vous pouvez venir en aide, au moins, à des parents démunis. A défaut, vous n’êtes pas obligés d’en jouir », explique le premier responsable du Syndicat national des Enseignants du Secondaire et du Supérieur (SNESS).
De fait, le principe des deux places ne doit pas être perçu par les acteurs de l’éducation comme un droit absolu, mais plutôt comme un avantage qui leur est offert en cas de nécessité. Le REN-LAC voudrait insister sur une meilleure compréhension de ce principe et interpelle la responsabilité individuelle et collective des acteurs concernés.
- la prise de mesures concrètes pour démanteler ces réseaux mafieux ;
- l’application rigoureuse des dispositions de l’arrêté portant réglementation du recrutement des élèves en complément d’effectifs;
- la sanction systématique de tous les acteurs et complices de ces pratiques frauduleuses ;
- l’accroissement des infrastructures d’enseignement public afin de garantir le droit effectif à l’éducation des enfants du peuple ;
- la dénonciation sur la plateforme d’information anti-corruption du REN-LAC veenem.bf de tous les cas de corruption constatés en milieu scolaire qui tendent à privatiser l’école burkinabè.
Pour sa part, le Réseau reste engagé dans cette dynamique à travers la mise en place de Comités de Suivi-citoyens de Prestations de Services (CSC-PS) dans le secteur afin de contribuer à lutter efficacement contre ces pratiques corruptrices qui dégradent la qualité de l’offre éducative au Burkina Faso.